Agnès Fornells
Le travail d’Agnès Fornells se réalise par contraste entre le caractère «brut», direct et sans mise en scène de ses images et la mélancolie qui teinte les scènes. Un basculement s’opère entre le monde extérieur qui perd de sa réalité et un repli sur l’irréel, le monde intérieur, qui amène une part de réalité, pour créer une zone intermédiaire, comme un point de contact authentique. «là où le monde réel s’est transformé en une image et où les images deviennent réelles, la puissance pratique de l’homme se détache d’elle-même et se présente comme un monde en soi»*. Du projet mélancolique émane un souffle communicatif, résultat des errances urbaines de l’artiste, de son regard sur la fragilité humaine et le spectacle du monde.
*Giorgo Agamben, Stanze, 1994.
Céline Mélissent
De par leur cohérence thématique, les images photographiques d’Agnès Fornells témoignent d’une fidélité à un monde urbain dont elle a exploré et explore les ressources humaines, sociales, esthétiques. Elle élabore ainsi progressivement une œuvre où le lieu du sens n’est pas seulement celui d’un terrain ferme et balisé, mais plutôt celui des interstices entre les multiples facettes du réel qui s’offre au regard, dans le parcours dynamique entre l’image photographique et le monde.
Joël-Claude Meffre
Agnès Fornells, artiste en arts visuels, née en 1974 à Béziers, vit à Montpellier où elle a été diplômée de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts en 1998.
Sa pratique artistique se développe à travers des séjours de création ou des résidences à l’étranger,
généralement en lien avec un contexte urbain et de rue, particulièrement en Espagne et en Amérique latine. Son travail est ainsi en relation avec la langue espagnole et le rapport étranger à sa
pratique parlée, écrite (ou chantée).
Agnès Fornells utilise principalement l’image photographique et vidéo dans laquelle une place importante est parfois faite aux mots. Son travail porte notamment sur l’espace public, ses usages et
son occupation, en lien avec différentes expressions de la culture. Elle réalise ses images sans mise en scène, dans un espace social. Ce matériau capturé sur le vif, ou collecté dans la rue, est
ensuite remis en jeu par les choix de cadrage, de montage, de déplacement dans un autre contexte, voire par une interprétation en lien avec un autre champ plastique (comme lors d'une récente
résidence en volume et céramique).
Le tissu urbain où elle est étrangère est le terrain principal des images qu’elle élabore. Depuis 7 ans, c’est dans la ville de Mexico, à l’occasion de séjours renouvelés, qu'elle déchiffre les signes d’une culture et d'une société à la fois persistantes et globalisées.
Entre 2006 et 2017, elle a fait partie du collectif Aperto qui s'occupe de la galerie d’art contemporain du même nom à Montpellier et avec lequel elle a développé un travail de création parallèle à sa pratique personnelle.